Comme nous l’avons vu dans une de nos publications précédentes, il est important de contrôler notre administration de vermifuge car comme pour les antibiotiques, on voit apparaître une certaine résistance aux antiparasitaires chez les chevaux. Ce qui nous oblige à penser à d’autres méthodes de lutte contre le parasitisme tel que la gestion du pâturage.
Pour rappel, voici les principaux parasites internes chez les chevaux :
Un peu d’histoire :
Il y a 50 ans, lorsque Strongylus vulgaris (grand strongle) était le pathogène parasitaire le plus important des chevaux, le programme de lutte contre les parasites était assez simple : tuer les vers S. vulgaris avant qu’ils ne puissent mûrir et pondre des œufs qui contamineraient l’environnement. Comme il fallait environ deux mois pour que les œufs de strongles réapparaissent après le traitement, on traitait tous les deux mois et cela empêchait la propagation des œufs de S. vulgaris dans les pâturages.
Cette approche a très bien réussi à contrôler les infections à S. vulgaris, et la maladie de S. vulgaris est maintenant très rare dans les populations de chevaux.
À cette époque, les cyathostomines (petits strongles) n’étaient pas considérées comme des agents pathogènes importants car ils étaient éclipsés par S. vulgaris. Cependant, la situation a changé et actuellement, les petits strongles, sont reconnus comme agent pathogène primaire des chevaux.
Cycle de vie d’un grand strongle :
Les strongles commencent leur vie sous forme d’œuf dans un tas de fumier, qui se développe ensuite en larve infectante dans les matières fécales, puis sort dans le pâturage, pour ensuite être ingérée par un cheval.
Ainsi, l’infection des chevaux pourrait être évitée si toutes les matières fécales étaient rapidement retirées du pâturage.
Comment gérer mon pâturage?
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Éviter le surpâturage
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Les zones de refus autour des crottins constituent un mécanisme naturel.
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Les larves de parasites sont 15 fois plus nombreuses dans les zones de crottins que dans le reste de l’herbage.
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Si la densité de chevaux est trop grande, alors les chevaux vont brouter autour des crottins, et s’infestent plus facilement.
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La surface d’un hectare par cheval est recommandée
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Ramasser les crottins
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Vous supprimez ainsi la source d’infestation
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Pour être 100% efficace il faudrait tous les ramasser tout de suite.
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Ramasser les crottins 2x semaine diminue considérablement le niveau de contamination des pâturages.
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Attention pour les petits paddocks, ramasser les crottins quotidiennement est indispensable.
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- Rotation des parcelles et des espèces
- efficacité variable en fonction du temps et de la saison
- Alterner sur une même pâture les espèces permet de diminuer le niveau de contamination car les larves ne se développeront pas en adultes.
- Entretien des herbages
- Le chaulage bien conduit détruirait jusqu’à 80% des larves
- Attention par temps humide c’est l’inverse
- Autres pistes
- Comme le froid ralentit ou arrête le rythme de développement, et qu’une chaleur excessive tue les œufs et les larves. Il est possible de chauffer suffisamment le fumier pour tuer les parasites, y compris les œufs d’ascaris.
- Un bon compostage du fumier et de la litière souillée permettra d’éradiquer les larves de strongles dans le fumier si il est exposé à des températures supérieures à 40 C pendant au moins une semaine
Attention:
Le fumier de cheval non composté ne doit jamais être répandu sur les pâturages car cela augmentera la niveau de contamination parasitaire.
Le saviez-vous ?
Un cheval moyen, pesant 450kg, produit 5 à 12 crottins, soit environ 24kg de crottin par jour ou 10 tonnes à l’année !
Recommandations :
Nous recommandons à nos clients de faire des coprologies avant de traiter systématiquement afin d’éviter d’aggraver le phénomène de résistance. En effet, il n’est pas toujours nécessaire de vermifuger étant donné qu’au-dessous d’un certain seuil d’œufs dans le crottin on considère que cela fait partie de sa flore normale et que cela peut même apporter certains bénéfices.
Pour de plus amples renseignements sur les vermifuges et la gestion du parasitisme, communiquez avec votre vétérinaire équin.
Olivia Rivet, TSA équine